beaudelaire

Donc, le Petit Reporter de l’Imaginaire, quand il n’écrit pas, lit.

Et pas un livre – ou presque ! – où il ne trouve trace de ses petits amis.

Aujourd’hui, Charles Baudelaire (1893-1902), avec ce poème extrait des Fleurs du mal (dont a su se souvenir la traductrice des Désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire, de Daniel Handler, quand il s’est agi de donner un nom français au “Littlest Elf”…).

La Muse malade

Ma pauvre muse, hélas ! qu’as-tu donc ce matin ?
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour s’étaler sur ton teint
La folie et l’horreur, froides et taciturnes.

Le succube verdâtre et le rose lutin
T’ont-ils versé la peur et l’amour de leurs urnes ?
Le cauchemar, d’un poing despotique et mutin,
T’a-t-il noyée au fond d’un fabuleux Minturnes ?

Je voudrais qu’exhalant l’odeur de la santé
Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté,
Et que ton sang chrétien coulât à flots rythmiques

Comme les sons nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour le père des chansons,
Phœbus, et le grand Pan, le seigneur des moissons.